& les Chroniques
Express
Wingtips
"Exposure Therapy"

"Exposure Therapy"
DATES | Sorti le 23 août 2019 | Publié le jeudi 26 septembre 2019
ET ALORS | Il faut à peu près 20 minutes pour comprendre pourquoi l’ombre de Robert Smith se dessine derrière ce projet synthpop originaire de Chicago. Au départ "Deaf Pursuit" ne laisse rien transparaitre tant le lyrisme un brin romantique du chant de Vincent Segretari renvoie vers de belles ambiances new wave 80’s, mais dès le titre suivant, "Accidental Effigies", cette même voix se transforme et semble mimer celle si caractéristique du leader de The Cure d’une façon assez inattendue car la synthpop du duo, sombre, riche, comme une version plus "lumineuse" de Cold Cave, a déjà réussi à se mettre en place d’une façon assez sérieuse. Mais à peine quatre titres plus loin, avec "Here and Now", de cette synthpop il ne reste plus grand chose tant une nuée de guitares s’impose et prend la place des sons jusque-là électroniques. Et quelles guitares, ce ne sont pas moins celles du Cure période "Disintegration"/"Wish" qui déferlent sur la deuxième partie du disque et lui font prendre un virage à 180 degrés qui malgré tout continue tant bien que mal à tenir la route. Une expérience incongrue, juste plaisante, pas très ambitieuse ni très maline, à l’image de la pochette du disque.

Statiqbloom
"Asphyxia"

"Asphyxia"
DATES | Sorti le 7 juin 2019 | Publié le mardi 17 septembre 2019
ET ALORS | L'adage populaire assure que l'on ne choisit ni sa famille ni ses parents, mais dès lors qu'il s'agit d’appartenir à une scène musicale, c'est une tout autre histoire. Il y a bien entendu des filiations plus évidentes que d'autres, et dans le cas présent, les membres de Statiqbloom ont clairement choisi de se positionner en tant qu'enfants légitimes du Skinny Puppy de la seconde moitié des 80s… qui auraient passé leurs vacances chez Synapscape. Sur leur second album de dark électro à l'ancienne (garanti sans aucun son préprogrammé), les compositions raclent le plancher et accrochent le plafond pour un résultat véritablement organique, jusqu’à sa pochette servie par un serpent albinos rampant sur le logo du groupe réalisé en bois. Le duo de Brooklyn y démontre un savoir-faire que l'on ne peut que respecter, tout en dépoussiérant du même coup "Vivisect VI" et "Cleanse Fold and Manipulate" que l'on avait un peu dédaignés ces dernières années. Fort heureusement, "Asphyxia" est venu remettre de l'ordre dans nos priorités.

Nuovo Testamento
"Exposure"

"Exposure"
DATES | Sorti le 7 mars 2019 | Publié le vendredi 9 août 2019
ET ALORS | Parfois on s’emballe. Souvent on doute. Lorsque tout est trop évident, quand il ne suffit que de quelques secondes pour déceler les références et l’inspiration flagrantes, quand les intentions sont dévoilées dès les premières notes, quand chaque instrument rappelle celui d’un autre. C’est soit que l’artiste n’est pas très malin, soit qu’il est intrépide. Nuovo Testamento doit faire partie de cette deuxième catégorie. Car on adore, immédiatement. Cette voix féminine assurée, celle de Chelsey Crowley, californienne d’origine, et l'armada italienne qui la soutient : une rythmique tranquillement orientée dancefloor, une basse et une guitare que le fils de Simon Gallup ne renierait pas, et surtout des synthés, des nappes qui devraient rendre folle de jalousie toute la scène goth de ces 30 dernières années.
Parfois on s’emballe, parfois on s’enflamme. Souvent on excuse tout.

Supersimmetria
"Abiogenesis"

"Abiogenesis"
[Hands]
par Bertrand Hamonou
DATES | Sorti le 26 avril 2019 | Publié le jeudi 8 août 2019
ET ALORS | En cinq albums, dont les trois derniers pour le compte du label Hands, Armando Alibrandi continue de parfaire son électro mystique quelque part entre Zero Degree et Kangding Ray, dans un registre d’ambient industrielle cadencée sur des rythmes techno paisibles. Inspiré entre autres par la physique et le mystère qui entoure la naissance des étoiles, le musicien nous livre cette fois sa réflexion sur la création de la vie à partir de matière inerte : l'abiogenèse. Et se pose du même coup en docteur Frankenstein mettant au monde une electronica suturée et bouillonnante. Et c’est peut-être là sa propre définition de l'abiogenèse : permettre à des machines de libérer l'esprit humain, d'y provoquer des émotions et d'y faire naître des images mentales au moyen de couches sonores brodées autour de rythmiques mécaniques et binaires.

Elz and the Cult
"Psychrodrama"

"Psychrodrama"
DATES | Sorti le 1er mars 2019 | Publié le mardi 30 juillet 2019
ET ALORS | Il va falloir arrêter de s’étonner de l’origine géographique d’un artiste ; on voit chaque semaine se dévoiler de toutes les régions du monde de nouveaux talents, plus ou moins originaux, mais toujours passionnés. Elz and the Cult est un trio originaire d’Istanbul et offre avec son second album "Psychodrama" un disque étonnant parce que particulièrement riche et intense. Une rythmique assez robuste, des synthés omniprésents, un chant addictif, parfois en turc, assez vindicatif et souvent touchant, l’ensemble offre une multitude de repères entre new wave, dark wave, électronique et post punk, et sème le trouble en nous balançant sans manière entre le "Pretty Hate Machine" de Nine Inch Nails et des ambiances plus proches de Human League. Et ça, paradoxalement, d’une façon particulièrement homogène. Un condensé de très belles choses qui fait preuve d’une maturité étonnante.

Veil of Light
"Inflict"

"Inflict"
DATES | Sorti le 10 mai 2019 | Publié le mercredi 19 juin 2019
ET ALORS | Une rythmique froide et industrielle, presque martiale, Veil of Light offre avec cet album (son quatrième) une immersion sans concession dans le meilleur des années 80, bourré d'influences comme autant de preuves de bon goût… mais aussi d'actes de mauvais goût. La digestion n'est en effet vraiment pas terminée ("Fact 2019" et ses trop forts relents Depeche Mode/Fad Gadget). On évoquait il y a quelques jours avec Curses l'early EBM de la fin des années 80, en citant quelques labels et disquaires phares de l'époque, l'électro martiale de cette formation suisse rappelle plutôt les sorties K7 que l'on commandait chez Front de l'Est à la même époque. Mais si elles avaient moins d'envergure, on les chérissait avec tout autant de plaisir.

Blankenberge
"More"

"More"
DATES | Sorti le 10 avril 2019 | Publié le mercredi 12 juin 2019
ET ALORS | C’est une invasion venue de Russie, de Saint Petersbourg en particulier, qui inonde ces derniers temps les mondes du post-rock, du shoegaze et de la dream pop ; prenons Show Me a Dinosaur, Pinkshinyultrablast ou Blankenberge pour en citer que trois. Et si l'on a envie de s'attarder aujourd'hui sur Blankenberge, c'est parce que le groupe a su digérer, assimiler et transformer des influences qui nous ont accompagnés toute notre vie, de Slowdive à Pale Saints en passant par The Jesus & Mary Chain et une infinité d'autres. Mieux, ils sont su combiner toutes ces influences dans chacune de leurs compositions afin de redonner à ce son bourdonnant un vrai coup de fraîcheur, une énergie et une passion revigorante, et, caché derrière un mur de guitares, sensibilité et fragilité. Quant à savoir pourquoi ils ont choisi le nom d’une ville côtière belge, c’est une autre histoire.

Data Fragments
"Data Fragments"

"Data Fragments"
DATES | sorti le 17 mars 2019 | Publié le mardi 7 mai 2019
ET ALORS | Il suffit d’un son, d’un effet, d’une mélodie ou simplement d’une ambiance, et l’on se retrouve immédiatement renvoyé aux compositions de The Cure. Est-ce une malédiction qui empêcherait toute jeune formation d’obédience new-wave a s’imposer, comme si le groupe de Robert Smith était omniscient, ou bien sont-ce nos oreilles qui manquent de discernement ? Vous l’avez compris, Data Fragments baigne dans ces ambiances new-wave que l’on rattache souvent aux premiers Cure, mais qui rappellent aussi Little Nemo, Sad Lovers ou des formations plus récentes comme celles que l’on chronique ici. Et ce que ces artistes ont en commun est avant tout le goût de la mélancolie. On pourrait tenter d’estimer l’intérêt qu’il y a à ressasser à l’infini les mêmes sons sans les avoir vraiment digérés, on préférera prendre un sain plaisir à écouter cet album plutôt malin et franchement bien foutu. Cure, toujours…

Fatamorgana
"Terra Alta"

"Terra Alta"
DATES | Sorti le 20 février 2019 | Publié le mardi 2 avril 2019
ET ALORS | Étonnant ce son. Ces synthés. Cette ambiance. Cette voix. Cette langue. Anna Proniewska et Louis Harding sont originaires de Barcelone et parviennent, équipée d’une boîte à rythme toute simple et d’un synthé aux sonorités en apparence basiques, pour le moins vintage, à créer à travers les 11 titres de "Terra Alta" un univers assez fascinant. Si la voix froide d’Anna et ce léger écho qui agit comme un exhausteur sont en grande partie à l’origine de l’addiction que l’on peut avoir à l’album dès la première écoute, ce sont tout autant les mélodies diablement efficaces et la construction plutôt intelligente de ces compositions qui en sont responsables. On pense en vrac à Fad Gadget, un early Depeche Mode, Visage, Human League… Un disque magique qui ferait très bonne figure au catalogue du label BOREDOMproduct.

Glaring
"L'enfer c'est les autres"

"L'enfer c'est les autres"
DATES | Sorti le 12 février 2019 | Publié le mercredi 20 mars 2019
ET ALORS | Que d'esprits dans cet étrange disque. Tout d'abord celui d'Anna Nin et sa voix fantômatique qui plane au-dessus de la majeure partie des titres, évanescente, éthérée, son souffle habille avec subtilité ces compositions sombres, tout en synthés et en basses. On est immédiatement happés par cette ambiance en apparence lourde mais pourtant assez raffinée, sorte d'apnée délicieuse où l'air manque mais la proximité de l'étourdissement est attirante. Avec "Drifting Away", les fantômes sont ceux de The Cure avec ces percussions qui rappellent "Carnage Visors". D'ailleurs ici tout est gris, ce gris que l'on connait si bien et qui à amené Anna à reprendre Sartre pour le titre de ce deuxième album de son projet qu'elle mène en solo, illustrant ainsi son état lors de l'écriture du disque "Pretty hopeless, disappointed, alone…". Si son mal-être fait autant notre plaisir, on ne peut que lui souhaiter le pire.
